En 2007, un artiste japonais du nom de Hiroshi Sugimoto a décidé d’expérimenter une idée fascinante. Il a voulu capturer le temps en une seule image.
Comment ? En laissant l’obturateur de son appareil photo ouvert pendant toute la durée de la projection d’un film dans une salle de cinéma. Résultat : sur sa photo, l’écran était complètement blanc.
Tout le film était là, condensé en une seule lumière éclatante. Une histoire complète, invisible et pourtant bien présente.
Un peu comme vos emails, non ?
Vous passez du temps à les écrire, à les peaufiner, à y injecter votre énergie, et pourtant… ils finissent souvent comme cet écran blanc. Oubliés. Invisibles. Absorbés par le flot incessant d’informations.
La réalité est que la majorité des emails passent totalement inaperçus. Non pas parce qu’ils sont mal écrits, mais parce qu’ils ne brisent pas le filtre d’indifférence du lecteur.
- Le cerveau humain est conçu pour ignorer ce qui semble répétitif ou attendu.
- Les boîtes de réception sont des cimetières d’emails non lus.
- L’attention d’un lecteur dure en moyenne 8 secondes.
Alors, comment faire pour qu’un email ne soit pas une simple lumière blanche noyée dans la masse, mais un éclair qui capte immédiatement l’attention ?
Les meilleurs copywriters conçoivent des expériences. Ils utilisent des techniques méconnues pour forcer le lecteur à s’arrêter, à lire et surtout… à réagir.
C’est exactement ce que nous allons explorer ensemble.
Sommaire :
- Le concept du « pattern interrupt » appliqué aux emails
- Le pouvoir du « personal branding sneak peek » dans vos emails
- La science du « micro-engagement » dans l’email
- La signature sensorielle : votre email doit provoquer une sensation tangible
- Le « rappel inconscient » : comment hacker la mémoire du lecteur
- Le « détournement psychologique » pour booster l’action
- La touche finale : le « post-scriptum narratif »
- Conclusion : Le futur du copywriting par email
Le concept du « pattern interrupt » appliqué aux emails
En 1975, un psychologue du nom de John Bargh a mené une expérience surprenante. Il a demandé à des volontaires de lire une liste de mots avant de leur faire traverser un couloir pour sortir du laboratoire.
Ce qu’ils ignoraient, c’est que certains avaient lu des mots liés à la lenteur et à la vieillesse, tandis que d’autres avaient lu des mots neutres. Résultat ? Ceux exposés aux mots évoquant la lenteur marchaient significativement plus lentement en quittant la salle.
L’esprit humain est conditionné par des schémas inconscients. Il anticipe ce qui va suivre et agit en conséquence. L’emailing n’échappe pas à cette règle.
Lorsque quelqu’un ouvre sa boîte mail, il sait déjà ce qui l’attend : des promotions, des newsletters génériques, des relances fades. Il scanne rapidement, cherche les emails urgents, et ignore tout ce qui ressemble à ce qu’il a déjà vu des centaines de fois.
Si votre email ne casse pas ce schéma mental, il sera ignoré. C’est là qu’intervient le pattern interrupt, une technique utilisée en hypnose, en publicité et… en copywriting.
Trois façons d’appliquer le pattern interrupt dans vos emails
L’objet inattendu
Le premier filtre à briser, c’est celui du sujet de l’email. Si votre objet ressemble à ceux des autres, il sera balayé en un clin d’œil.
Exemples d’objets qui intriguent :
- « Ne l’ouvrez pas. Sérieusement. »
- « J’ai fait une erreur… »
- « C’est une catastrophe. »
- « Je parie que vous n’allez pas comprendre ça. »
- « Il y a un problème avec votre compte. »
Ces objets activent la curiosité, la peur de manquer une information ou le besoin de comprendre. Ils brisent le réflexe de balayage rapide.
L’ouverture à contre-pied
La première phrase d’un email détermine si le lecteur va continuer ou non. Or, la majorité des emails commencent par des banalités.
Exemples d’ouvertures qui cassent le schéma classique :
- « Je vais être honnête : je n’ai aucune raison de vous écrire aujourd’hui. »
- « Fermez cet email immédiatement. »
- « Il y a deux jours, j’ai failli abandonner ce projet. »
- « Je vais vous dire ce que personne ne vous avouera jamais sur votre business. »
L’objectif ? Créer un décalage immédiat pour forcer le cerveau du lecteur à s’arrêter.
Le format disruptif
Un email qui ne ressemble pas à un email attire l’œil.
Techniques efficaces :
- Un email très court (5 à 10 mots)
- Un email sans majuscule ni ponctuation forte pour imiter un message spontané
- Un email visuellement vide (aucun logo, aucune image, une seule phrase centrale)
- Un email en storytelling brutal avec une mise en page inhabituelle :
« Je vais vous raconter une histoire qui commence mal. Très mal. Hier, j’ai reçu un email qui a changé ma façon de voir les choses. Et ça pourrait changer la vôtre aussi. »
En modifiant la forme, on force le lecteur à sortir de son mode automatique. Il ne sait pas à quoi s’attendre, alors il s’arrête.
Le pouvoir du « personal branding sneak peek » dans vos emails
Dans les années 90, un chercheur du MIT a découvert un phénomène fascinant : le cerveau humain est câblé pour détecter la familiarité.
Lorsqu’une personne reconnaît un élément familier dans un message, son engagement augmente. Cette réaction est inconsciente et crée immédiatement un lien de confiance.
Les copywriters efficaces injectent une signature émotionnelle unique, une touche qui fait que chaque email ne pourrait être écrit par personne d’autre.
Pourquoi le prénom dans l’objet ne suffit plus
L’ajout du prénom dans un objet d’email était autrefois un levier puissant. Aujourd’hui, c’est devenu un réflexe marketing, tellement utilisé qu’il ne capte plus l’attention.
Exemple :
❌ « Julie, voici une opportunité pour vous » → Trop générique, ressemble à un spam.
✅ « Julie, on n’avait jamais osé vous le dire » → Intriguant, personnel, inattendu.
Ce qui fait la différence, ce n’est pas le prénom, c’est l’émotion attachée au message.
Le « personal branding sneak peek » : un email doit transpirer votre identité
Un bon email est identifiable. Il doit contenir une empreinte unique, une touche qui fait comprendre au lecteur en une seconde qu’il s’agit de vous.
Trois méthodes pour y parvenir :
L’anecdote personnelle hors sujet
Commencer un email par une micro-histoire qui n’a aucun lien apparent avec votre message principal crée un effet d’intimité.
Exemple : « Ce matin, mon chat a renversé mon café sur mon clavier. J’ai hésité entre tout nettoyer ou simplement prendre ça comme un signe du destin pour prendre ma matinée off. Et puis j’ai pensé à vous… »
Ce type d’introduction fait baisser les défenses, crée une relation plus authentique et déclenche un engagement émotionnel immédiat.
L’humour subtil et contextuel
L’emailing est souvent trop sérieux. Glisser une phrase légère ou un détail drôle dynamise l’expérience de lecture.
Exemple : « Je vous écris cet email après avoir bu un café bien trop fort. Si mes idées partent dans tous les sens, blâmez l’expresso. »
Ce genre d’insertion humanise l’email et le rend mémorable.
Les références culturelles ciblées
Utiliser des références précises permet de segmenter son audience naturellement et d’attirer les lecteurs qui partagent votre univers.
Exemple : « Écrire un bon email, c’est comme cuisiner une recette de grand-mère : il faut les bons ingrédients, un peu d’intuition et surtout… éviter d’en faire trop. »
Ces touches de personnal branding permettent de créer un rendez-vous émotionnel avec le lecteur. Il ne lit plus un email générique, il lit un message qui lui ressemble.
La science du « micro-engagement » dans l’email
En 1966, le psychologue Jonathan Freedman a mené une expérience étrange. Il a demandé à des habitants d’un quartier résidentiel s’ils accepteraient d’afficher un énorme panneau « Conduisez prudemment » devant leur maison.
La majorité a refusé.
Mais dans un autre groupe, il a d’abord demandé aux habitants d’afficher un tout petit autocollant sur leur voiture, portant le même message.
Deux semaines plus tard, lorsqu’il leur a proposé le grand panneau, 76 % ont accepté, contre seulement 17 % dans le premier groupe.
Ce phénomène s’appelle le « pied dans la porte« . L’idée est simple : une petite action initiale augmente massivement les chances qu’une personne s’engage plus profondément ensuite.
Un email inciter le lecteur à faire un premier micro-pas, même infime, qui amorce une dynamique d’engagement.
Voici 3 techniques de micro-engagement dans un email :
L’effet « dopamine loop »
Le cerveau adore la récompense instantanée. Si un email fait ressentir une mini-victoire dès les premières lignes, le lecteur a naturellement envie d’aller plus loin.
Exemple d’ouverture d’email : « Si vous voulez booster vos emails sans effort, essayez ça dès maintenant. Ça prend 10 secondes et vous verrez immédiatement la différence. »
L’idée est de proposer une action immédiate et simple qui donne une satisfaction rapide.
Les « clickbait positifs »
Contrairement aux titres racoleurs classiques, un clickbait positif intrigue sans manipulation.
Il promet une révélation qui ne semble pas évidente, mais qui attise naturellement la curiosité.
Exemple d’email : « Les gens qui réussissent leurs emails font TOUS cette chose… et vous l’ignorez probablement. »
Ce type d’accroche pousse le lecteur à vouloir valider ou invalider l’information, donc à interagir.
Les « double-lignes cachées »
Un email efficace ne demande pas immédiatement un engagement fort. Il suggère un micro-engagement et renforce l’envie d’aller plus loin.
Exemple de fin d’email : « Ah, et j’ai oublié un point essentiel… Mais je vous en parle dans le PS. »
Le post-scriptum devient une extension de l’engagement, une dernière porte d’entrée qui évite le rebond immédiat du lecteur
La signature sensorielle : votre email doit provoquer une sensation tangible
En 2004, des chercheurs en neurosciences ont découvert un phénomène fascinant : le cerveau humain traite les mots sensoriels comme s’il vivait réellement l’expérience.
Lorsqu’une personne lit le mot « chaleur », la zone du cerveau liée à la perception de la chaleur s’active.
Ce phénomène s’appelle l’imagerie sensorielle. Plus un texte active les sens du lecteur, plus il devient mémorable et engageant.
Un email efficace doit faire ressentir.
Trois techniques pour activer les émotions sensorielles dans un email :
Les descriptions multisensorielles
Un texte froid et neutre ne marque pas l’esprit. Un texte qui stimule les sens crée une immersion immédiate.
Exemple fade : « Cet email contient une astuce très utile. »
Exemple sensoriel : « Lisez ceci et imaginez la sensation de trouver enfin l’astuce qui débloque tout, comme un vent frais un jour d’été. »
Le simple ajout d’une image sensorielle donne de la profondeur émotionnelle au message.
Le storytelling immersif
Un bon email ne doit pas juste énoncer une idée, il doit embarquer le lecteur dans une expérience.
Exemple : « Imaginez… Vous êtes en pleine réunion, vous ouvrez discrètement votre boîte mail et vous tombez sur CE message. Il vous intrigue. Vous hésitez à l’ouvrir. Vous finissez par cliquer. Et là… c’est un déclic. »
Ce type d’approche force le lecteur à se projeter, créant un lien plus fort avec l’email.
Les métaphores physiques inattendues
Le cerveau adore les comparaisons. Une bonne métaphore crée un raccourci mental et renforce l’impact du message.
Exemple classique : « Cet email va vous aider à mieux écrire. »
Exemple avec métaphore : « Cet email est comme un couteau bien aiguisé. Il va tailler dans le gras et rendre votre écriture plus tranchante. »
Le « rappel inconscient » : comment hacker la mémoire du lecteur
En 1927, la psychologue soviétique Bluma Zeigarnik a découvert un phénomène étrange.
Après avoir observé des serveurs de restaurant, elle a remarqué qu’ils se souvenaient parfaitement des commandes en cours, mais oubliaient totalement celles déjà livrées.
Ce phénomène, baptisé « effet Zeigarnik », montre que le cerveau retient mieux les tâches inachevées.
Appliqué au copywriting, cela signifie qu’un email qui laisse une information en suspens sera inconsciemment plus marquant qu’un message totalement bouclé.
Voici 3 méthodes pour ancrer un email dans la mémoire du lecteur :
L’ancrage mnémotechnique
Les marques utilisent des slogans courts et répétitifs pour rester en tête. Un email peut exploiter le même principe en introduisant un mot-clé ou une phrase-signature qui revient régulièrement.
Exemple : « Il y a un concept que j’appelle ‘le syndrome du brouillard’. On y revient dans un instant. »
Ce type de phrase crée une attente et associe un concept spécifique à votre contenu.
La boucle narrative ouverte
Un bon email n’a pas toujours besoin de tout révéler immédiatement. Il peut jouer sur la frustration cognitive pour inciter à lire le prochain message.
Exemple de fin d’email : « Il y a une chose que personne ne vous dit sur le copywriting. Je vous la dévoile demain. »
Cet effet est particulièrement puissant pour booster le taux d’ouverture des emails suivants.
Le détail surprenant caché
L’attention du cerveau est attirée par l’inattendu. Un élément légèrement étrange ou décalé va marquer l’esprit et rendre l’email plus mémorable.
Exemple : « Un de mes premiers clients m’a payé en courgettes. Oui, vous avez bien lu. Je vous explique pourquoi dans un instant. »
Un détail inhabituel, même anecdotique, crée un point d’accroche mental qui empêche l’email d’être oublié.
Le « détournement psychologique » pour booster l’action
Dans les années 80, des chercheurs en psychologie ont testé une approche surprenante.
Lorsqu’ils demandaient à des passants de signer une pétition pour la protection de l’environnement, seulement 25 % acceptaient.
Mais lorsqu’ils posaient d’abord une question anodine comme « Pensez-vous qu’il est important de protéger la nature ? », près de 60 % des gens signaient ensuite la pétition.
Cette technique repose sur un principe simple : l’engagement préalable augmente la probabilité d’une action plus grande.
Un email peut utiliser ce même levier en rendant le premier pas indolore et naturel, ce qui renforce ensuite l’engagement du lecteur.
Trois façons d’inciter à l’action sans forcer :
Le CTA inversé
Lorsqu’un appel à l’action est trop direct, il déclenche parfois une résistance. Une manière de contourner cette barrière consiste à donner une option de retrait qui pousse paradoxalement à s’engager.
Exemple classique : « Cliquez ici pour découvrir la méthode. »
Exemple inversé : « Si vous préférez ne pas améliorer vos emails, ignorez simplement ce message. »
L’idée est d’amener le lecteur à réfléchir à son choix, ce qui active un engagement mental avant même qu’il n’agisse.
Le CTA émotionnel
Un lien placé en fin d’email est souvent ignoré si l’émotion générée par le message n’est pas assez forte. Une approche plus efficace consiste à lier directement l’action à une transformation personnelle.
Exemple : « Si cette idée vous parle, vous allez adorer ce qui vous attend ici. »
Plutôt que d’imposer une action, on crée un sentiment de continuité logique entre l’email et l’étape suivante.
L’illusion du choix
Donner au lecteur deux options réduit la pression et lui donne l’impression de garder le contrôle.
Exemple : « Vous avez deux options : Appliquer cette technique immédiatement et voir les résultats. L’oublier et continuer comme avant. »
Ce type d’approche crée une tension interne, ce qui incite inconsciemment à prendre une décision.
Lorsqu’un email amène progressivement vers une action, le lecteur se sent en contrôle, ce qui rend son engagement plus naturel.
La touche finale : le « post-scriptum narratif »
En 2016, une étude marketing a révélé que plus de 90 % des lecteurs scannent d’abord la fin d’un email avant de décider s’ils le liront en entier.
Ce comportement est un héritage de la lecture rapide et de l’habitude de chercher l’essentiel en bas de page.
Le post-scriptum est donc une zone stratégique, un espace où l’on peut capter l’attention d’un lecteur distrait ou renforcer l’impact du message.
Trois façons d’exploiter le PS pour maximiser l’engagement :
L’anecdote finale
Plutôt que de résumer l’email, une approche plus subtile consiste à ajouter une information nouvelle, un détail qui humanise le message ou renforce son intrigue.
Exemple : « PS : Hier, j’ai testé cette méthode avec un client sceptique. Il m’a envoyé un message trois heures plus tard : ‘Ok, je retire tout ce que j’ai dit. Ça marche.’ »
Ce type d’ajout renforce la crédibilité et maintient l’intérêt du lecteur jusqu’au bout.
Le rappel différé
Un email peut parfois être lu rapidement sans déclencher d’action immédiate. Un post-scriptum bien construit crée un effet de rappel, incitant le lecteur à revenir plus tard.
Exemple : « PS : Si vous n’avez pas le temps maintenant, enregistrez cet email. Vous me remercierez plus tard. »
Ce genre de phrase garde l’email en mémoire et réduit le taux d’oubli.
Le bonus caché
L’ajout d’un élément exclusif en fin d’email donne une raison supplémentaire de s’engager.
Exemple : « PS : J’ai failli oublier. Il y a un détail que je n’ai pas mentionné… et il change tout. Vous le trouverez ici. »
L’email devient un jeu d’exploration, ce qui stimule naturellement la curiosité.
Un post-scriptum bien utilisé peut transformer un lecteur hésitant en personne engagée.
Conclusion : Le futur du copywriting par email
Les emails doivent être une opportunité d’établir une connexion véritable avec votre audience.
En intégrant des stratégies créatives et psychologiques, vous pouvez transformer chaque email en un messager d’engagement inattendu.
Les techniques que nous avons explorées ne sont pas des astuces temporaires, mais des approches qui, lorsqu’elles sont appliquées avec authenticité, peuvent redéfinir votre manière d’interagir par email.
Un bon email veille à captiver l’attention, activer l’émotion et encourager l’action.
L’art du copywriting par email, comme toute forme de communication, doit évoluer pour répondre aux attentes et aux rythmes d’une audience de plus en plus sollicitée.
Mais c’est aussi un art de la psychologie subtile, qui fait appel à des principes humains profonds pour renforcer l’engagement et la connexion.
Si vous voulez que vos emails deviennent de véritables messagers d’engagement inattendu, il est temps d’aller au-delà de la simple rédaction.
Apprenez à surprendre, à intriguer, à provoquer l’émotion, et surtout, à donner une raison véritable de répondre à votre appel.
D’autres articles autour du métier de copywriter :
- Ils n’ont pas vraiment le temps, vous savez…
- Ne les laissez pas deviner
- Un email seul ne suffit pas
- L’email que personne ne voit
- Envoyer des mails ne suffit pas
Ces articles peuvent vous intéresser :